Quand mes potes squattent sur mon blog #Loïck
Voici le 2ème texte de Loïck.
Vous avez beaucoup apprécié le premier ici , alors il remet ça et on adore ça!!
Mais qui est Loïck????
Je l'ai rencontré lors des manifs de Lycéens en 1992 ou 1993, je ne sais plus. Et puis, on s'est retrouvé à la fac où l'on faisait tous les 2 partis du journal ..............de la Fac.
Depuis on se perd de vue, on se retrouve , on se reperd de vue, on se retrouve et voilà le résultat!
"Dans le train juste avant noël.
Train bondé, je me hisse jusqu'aux place en vis-à-vis au milieu du wagon, là une charmante petite brune - la trentaine -toute en belles rondeurs me décroche un magnifique
sourire.
Le rang d'après, il y a une place libre à coté d'une femme gaulée type mannequin, sans expression.
Seconde d'hésitation.
Il semblerait inconvenant de battre froid à une si jolie invitation, en plus absolument rien dans ma journée n'est venu me placer dans la peau du parisien grognon qui veut se venger bêtement sur quelqu'un, et puis c'est marrant d'imaginer la tête du mannequin voyant que je lui préfère une petite rondouillette.
Intérieurement je glousse sous cape et rejoins donc le carré V.I.P. de ce si lumineux sourire.
Et là, patatras ! Une femme -la soixantaine- le visage fermé, déboule.
Elle n'a pas de valise mais un nombre incroyable de sacs plastiques remplis d'un fatras d'objets : guirlandes, boules, rouleau de papier-cadeaux, qu'elle empile un peu partout.
Immanquablement elle me fait penser à une clocharde bougon.
Comme elle entasse des sacs à côté de moi, je glisse mon pochon en plastique entre mes jambes et là elle m'arrête et insiste lourdement pour que je remette mon pochon sur le siège vacant.
Je décide qu'il est plus sage de ne pas la contrarier, repose le sac et en extrait mon poche du moment avec la ferme intention d'entrer en autarcie.
Plongé dans les "Métamorphoses" d'Apulé, j'essaie d'ignorer la white-trash qui déballe ses sacs à la recherche d'on
ne sait trop quoi quand soudain je réalise que c'est dans MON sac qu'elle est en train de farfouiller !?!
Je lui fais remarquer, la klepto potentielle s'excuse et je replace le pochon entre mes jambes ; échanges de sourires convenus avec ma charmante voisine.
La vieille entreprend alors de confectionner ses paquets cadeaux à la va-comme-je-te-pousse, version papier froissé... elle assume pleinement sa white-trash attitude.
Voyant ça, beau sourire opte à son tour pour le rappel de son ambassade en sortant un bon gros Picsou mag qui me donne l'occasion d'attaquer la conversation.
- Alors ? On pique les lectures de ses enfants ? C'est du joli !
- Cela ne vaut sans doute pas... Apulé, me répond-t-elle, mais c'est distrayant.
Et là, la vieille, qui jusque là n'avait pas pipé un mot, penche la tête vers le Picsou mag et lâche avec son
air renfrogné un gros "pfff !".
[Ok ! Ouverture des hostilités ! Tu la veux ta putain de guerre, la vieille ? Tu vas l'avoir !
Phase 1 : t'en mettre plein la vue. Phase 2 : te montrer ton ignorance crasse ! C'est parti !]
Un peu déstabilisée par le dédain affiché de la senior, ma charmante voisine embraye me tendant la perche pour ma
phase 1 :
- Et vous, les métamorphoses cela parle de quoi ?
Et là forcément le lui raconte comment Pelée attrapa la métamorphe Thétis (la future
mère d'Achille), leur mariage, la pomme d'or, le choix de Pâris, Hélène troie, la guerre de Troie.
Après 25 minutes d'une narration intensive je réalise que tout le compartiment c'est accoisé et m'écoute.
Phase 1 méga frime terminée, phase 2 engagée :
- Votre Picsou mag, c'est une compile qui couvre toutes les époques, non ?
- Euh... C'est toutes les histoires avec le sou fétiche de Picsou.
- Parce que à voir comme cela, j'ai cru apercevoir du "Carl Bark"s et du "Don Rosa".
Elle me regarde éberlué, ce que je lui raconte, c'est du chinois.
Je lui prend le Picsou des mains et lui indique à la fin de chaque histoire les petites signatures.
- Regardez, celle-ci a été dessinée par Don Rosa... Et celle-ci est de Carl Barks. On reconnaît bien leur style, ce
sont les deux meilleurs auteurs. Barks est le seul à avoir été autorisé par Disney à faire des peintures à l'huile des personnages.
Aujourd'hui, dans les ventes aux enchères ces toiles s'arrachent entre 80.000 et 120.000 € !!
Et là, avec une grande satisfaction, je regarde mes deux vis-à-vis éberluées.
Voilà ma charmante voisine soudainement très fier de lire Picsou mag.
Le premier arrêt arrive, la white trash se lève je vais pouvoir discuter tranquillement avec beau sourire.
Avant de partir white-trash se retourne et m'assène, froide :
- Merci pour le cours.
(En fait, c'était une leçon mais l'erreur est humaine...) "
le premier texte de Loïck ici
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