Quand mes potes squattent sur mon blog #Loïck
"L'année dernière dans le compartiment....
J'étais plongé dans l'Enquête d'Hérodote, lorsqu'une belle brune pleine d'excès fit son entrée.
Environ 25 ans, pulpeuse, maquillée à outrance, écouteurs d'ipod débridé sur les oreilles, elle se place en face de
moi et entame la conversation à grands renfort d'entrechoquement de pieds.
-Pardon excusez-moi.
-Pas problème, ce n'est rien.
Elle commence déjà à me plaire...
Le compartiment est vide et elle trouve le moyen de s'asseoir en juste en face pour me coller des coups de savates !
La miss s'installe et enlève son manteau alors que j'attaque la description de l'empire perse du Ve siècle avant
notre ère.
Derrière le mur blanc constellé de caractères noir, on s'agite, remue en tout sens ; manifestement la demoiselle à encore chaud car elle décide de reprendre son effeuillage à grand renfort d'expectorations poussives.
On est en hiver, le wagon est moyennement chauffé, je mets cela sur le compte du différentiel de température,
dans trois quart d'heure elle aura ré-enfilé un petit sous-pull.
Au bruit qu'elle fait en s'agitant, je me fais la réflexion qu'elle doit avoir l'habitude d'être le centre d'attention, ce qui collerait avec ses choix vestimentaires.
Je lève la tête pour vérifier si la nouvelle tenue arborée correspond au reste de mon analyse préliminaire.
- Ah ! Ouais ! Quand même !
Large décolleté donnant sur une poitrine bombée maintenue au perchée par une sorte de petit bustier (? J'y connais pas grand-chose faut dire) aux liserons de dentelles noires.
Heureusement qu'Hérodote est devant ma bouche, ma mâchoire ayant imperceptiblement (tout est relatif) décroché un bref instant.
Je me planque derechef derrière "L'Enquête", le système d'imposition de l'empire perse du Ve siècle av JC devient soudainement passionnant...
Et j'essuie une goutte de sueur imaginaire de mon front (on est jamais trop prudent).
La miss à chewing-gum, se dandine un moment.. héroïques, mes yeux ne décollent pas de l'empire perse.
Cela me demande un effort de concentration mais je réussi à me replonger dans les aventures de Darius Ier qui (tiens !) vient d'organiser un banquet ! Quel homme admirable !
Voyant que son décolleté ne suffit pas, la miss peinturlurée décide de se déchausser et s'allonge soudainement de
coté sur la banquette, dans une pose particulièrement lascive.
Immédiatement, à cette vue, mon sang ne fait qu'un tour !
Immanquablement le tableau m'en évoque un autre : le "Bain Turc" d'Ingres, 1862 (la charmante odalisque au premier plan sur la gauche, terrible)
Je sens maintenant un regard appuyé, s'essayant à la pyrokinésie sur Hérodote, la température grimpe dans le
compartiment...
Bizarrement le livre n'atteint pas les 451 Fahrenheit, c'est costaud les poches, il doit être ignifugé.
C'est d'à-propos, en effet, Hérodote vient s'achopper sur les déserts d'éthiopie, pas le meilleur chapitre, je vais
avoir dû mal à rester concentré.
Et là, alors que je me crois enfin sorti d'affaire (la péronnelle regarde désormais
le plafond en écoutant sa musique, en optant judicieusement pour la technique : je t'ignore, tu vas craquer. Super, c'est celle que je préfère) elle m'assène le coup de grâce, la touche finale du
raffinement dans sa technique de drague visiblement très éprouvé, le climax, le coup de théâtre, la dernière cartouche de son répertoire, sa carte maîtresse, en deux mots : son va-tout
!
Énorme, incontournable :
la donzelle met son engin sur haut-parleur, la chanson résonne dans le compartiment : " Vas y Frankie, vas y Franckie, c'est bon bon bon... Vas y Franckie, c'est bon "
Je reste interdit, éberlué... C'est moi ou cette chanson est incroyablement longue ?
Par un manque de bol incroyable, je ne m'appelle pas Frankie, alors ça ! C'est vraiment trop bête...
Heureusement le premier arrêt se présente entre une petite vieille providentielle...
La fan de Franckie ré-enfile son sous-pull, qu'est-ce que je disais...
Trois-quart d'heure elle a tenu..."
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